La Brenne

Récemment, alors que je naviguais sur une petite rivière de mon département, il m'est venu l'idée d'évoquer succinctement un problème réccurent  : l'absence d' habitats piscicoles. Loin de moi l'idée de disserter longuement sur le sujet. Mais la vision de cette petite rivière  était si frappante que j'ai trouvé bon de revenir très rapidement sur les nécessaires abris pour les poissons, trop souvent sous représentés dans nos rivières.

Cela n'a pas grande importance, mais la petite rivière dont je souhaite parler s'appelle la Brenne. Elle  prend sa source dans le Jura à 440 mètres d'altitudes (commune de Mièry, sauf erreur de ma part) et conflue avec la Seille dans le département de Saône-et-Loire sur la commune de Frangy-en-Bresse.

Au premier regard, cette rivière présente plutôt bien. Elle coule en pleine campagne dans des secteurs plutôt calmes et  bucoliques. Elle offre des paysages assez sympathiques et accueillant pour y passer un dimanche en famille au bord de l'eau. 

Mais quand on y regarde de plus près, quelques détails sautent aux yeux. Elle est bien droite, ces abords sont bien propres et elles ressemblent étrangement à un canal (tracé rectiligne, écoulement uniforme...).

La Brenne

Cette rivière  a dans un passé assez récent été très fortement transformée pour répondre aux obsessions hydrauliques des années 1970 à 2000.

Il fallait que :

  • "ça coule vite,
  • que ça coule bien,
  • que ça déborde le moins possible,
  • et que ça récupère vite toutes les eaux de pluies des parcelles agricoles drainées".

Cette  rivière, comme tant d'autres, a donc profondément était détruite par des processus réguliers de curage de ses fonds et de recalibrage de son lit. En d'autres termes, elle a été surcreusée et son lit a été façonné tel celui d'un fossé (forme trapezoïdale). 

Ses fonds de sable, gravier et galet ont été extrait, tant et si bien qu'aujourd'hui, les fonds sont majoritairement constitué de glaise compacte, très peu propice au développement de la vie. Toutes ses berges sont abruptes ce qui n'est pas toujours des plus favorables à la vie piscicole.

Malgré tout, la végétation aquatique réussi fort heureusement à s'implanter à la belle saison. Ceci est un moindre mal car cela apporte cache et nourriture aux poissons. Sauf que ceci ne dure que l'été. L'hiver tout cela disparait, laissant les poissons vivre dans un milieu bien vide.

Je dis bien vide car ce qui m'a le plus marqué ce jour là, ce fut la propreté de la rivière : pas un arbre mort, pas le moindre embacle ou branche morte dans l'eau, très peu de racines pour s'abriter. 

La Brenne

Très honnêtement, je ne pense pas que ce soit bien pour les poissons. D'ailleurs, le jours de ma visite, nous faisions sur cette rivière une pêche scientifique d'échantillonnage. Pour tout vous dire, excepté quelques pseudorabora, quelques bouvières, quelques gardons et rotengles ainsi que 3 pauvres carpes, nous n'avons strictement rien échantillonné ; même pas une perche soleil comme ironisait ma collègue de travail.

Il convient bien sur de relativiser. Nos méthodes de pêche sont loin d'être complètes et nous ne capturons pas tout. Mais tout de même, cela est révélateur d'une situation anormale. Nous n'avons pas pris une seule perche, espèce normalement abondante, pas un brochet. Comme poisson carnassier, nous avons juste pris un petit sandre et vu quelques silures.

Lorsqu'on connait l'attachement des perches pour le bois mort, lorsqu'on sait que le brochet est un poisson qui a besoin de poste, on comprend vite les sous effectifs de ces espèces.

Comme je le disais précédement, lorsque l'été est passé que reste t'il comme habitat?

Lorsque la végétation a disparu, les poissons se retrouve dans une sorte de désert. Pas étonnant que les densités et la variété des espèces de poissons présentent soient faibles.

lour comparaison c'est un peu comme si nous habitions des maisons sans toit, sans meuble, sans lit, sans table sans chaise. Très sincèrement, je ne pense pas que nous serions très heureux et nous chercherions surement à fuir.

La Brenne

 

Pour cela il suffirait de laisser la végétation rivulaire correctement s'implanter, de laisser quelques bois morts et arbres morts dans le lit du cours d'eau. Ce n'est pas une chose compliquée, mais c'est en contradiction avec l'image de propreté qui est majoritairement souhaitée par bon nombre de nos concitoyens,  pêcheurs compris.

Ceci est dommage, car cela serait très profitable aux poissons et viendrait quelque peu contrecarrer les effets des destructions passées et des fréquentes mauvaises qualités d'eau.

J'ai choisi dans cet article d'évoquer l'exemple de la Brenne, mais un très grands nombres de nos rivières présentent aujourd'hui les mêmes symptômes. 

 



 Rem