La Canche

Le Morvan est un territoire bien particulier. La nature de ses sols, sa géologie et les facteurs climatiques dominants influencent directement la structure des peuplements piscicoles et les caractéristiques de ses populations de truite fario; espèce repère et patrimoniale des cours d'eau d'une partie de cette entité géographique.

 

Dans cet article, sont évoqués principalement les caractéristiques géologiques, hydrologiques et piscicoles des secteur des têtes de bassin de l'Arroux à savoir le bassin du Ternin, de la Celle et du Méchet dans le département de Saône-et-Loire.

 

Une histoire géologique ancienne

Le Morvan est en partie constitué d'un vieux massif cristallin. Son histoire géologique est intimement liée à la formation du massif centrale en des temps anciens où l'activité volcanique a fortement marqué la région durant l'ère primaire. De part sa situation géographique le Morvan constitue aussi la limite de partage des eaux entre le bassin de la Seine et le bassin de la Loire.

La nature des sols de ce massif granitique et volcano-sédimentaire empêche l'infiltration des eaux en profondeur. En conséquence les écoulements de surface sont importants ce qui a contribué à la formation d'un réseau hydrographique dense (très nombreux ruisseaux et rivières).

 

Sur le plan climatique

Le climat est de type océanique à tendance montagnarde c'est à dire qu'il fait plutôt froid et humide. Les précipitations sont abondantes et fréquentes.

Les hivers sont généralement longs et les étés plutôt chauds et secs, ce qui conduit parfois à un déficit d'eau dans ces sols peu épais et imperméables.

 

Sur le plan hydrographique

L'imperméabilité des sols, l'absence de réserves d'eau souterraines et les régimes de précipitations abondantes à l'automne et à l'hiver contribuent à former un réseau hydrographique dense (chevelu important de rivières et ruisseaux) qui se caractérise par des amplitudes hydrologiques (débits) fortes :

  • des étiages marqués (niveau d'eau très faible en été),
  • une montée des eaux rapides en période de pluie.

 

 

Caractéristiques des eaux

Dans cette région plutôt "montagnarde" aux hivers longs et rigoureux, les eaux sont fraiches.

La nature même de ces eaux est aussi directement liée à la nature des sols et aux couverts forestiers sur les têtes de massifs qui induisent une acidification (ph entre 5.5 et 7) et une faible minéralisation (peu d'éléments minéraux dissouts dans l'eau).

 

 

Des cours d'eau à vocation salmonicole

Ces caractéristiques confèrent aux rivières et ruisseaux de cette région une vocation salmonicole avec des peuplements piscicoles constitués majoritairement de truite fario, de vairon, de loche franche, de chabot de quelques gros goujons et chevesne et de quelques cyprinidés d'eau vives sensibles à la qualité de l'eau tel que le barbeau, la vandoise et le blageon.

Truite du Morvan

 

Une faible productivité piscicole

Ses sols lessivés et érodés depuis fort longtemps n'amènent plus beaucoup d'éléments minéraux à la rivière conduisant ainsi à une faible minéralisation de l'eau. Hors les éléments minéraux conditionnent directement le fonctionnement de la chaine alimentaire. En effet ces derniers sont essentiels au développement du phytoplancton (plancton végétal) premier maillon des chaines alimentaires aquatiques

Illustration chaine alimentaire : Source Food and Agriculture Organization (FAO)

 

Par voie de conséquence, la productivité piscicole des cours d'eau du Morvan est faible et toutes les caractéristiques du milieu évoquées précédemment occasionnent chez la truite fario :

 

  • des croissances lentes et une taille peu élevée. Rare sont en effet les poissons dépassant la taille de 25 cm qui est d'ailleurs atteinte après 4 à 5 années de vie.

 

  • les poissons sont matures dès la taille des 16 à 18 cm voire même parfois pour des tailles plus petites (mâles).

 

  • les densités observées (inventaire par pêche électriques) sont faibles à très faibles comparées à certaines références Française.

 

  • la reproduction des truites est précoce (mi novembre à mi décembre) avec un recrutement qui se déroule essentiellement sur les petits affluents (conséquence du réseau hydrographique dense) et non dans les cours d'eau principaux. Voilà aussi pourquoi on ne trouve pas souvent de truitelles dans les cours d'eau principaux.

 

  • enfin le taux de survie des oeufs et des alevins est très fluctuant. Ceci est en lien direct avec l'hydrologie irrégulière (montée des eaux rapides et surtout étiages sévères)

 

Indépendamment des phénomènes de pollution ou de destruction d'habitat, le milieu détermine donc toujours les caractéristiques des peuplements piscicoles. Ces conditions naturelles sont difficilement contournables et les traditionnels actes de gestion piscicole (alevinage, réalisation de frayère...) restent aussi soumises à ces conditions.


 

 

Rem


 

 

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