Dans la continuité des précédents articles sur la sensibilité des poissons vis-à-vis de la température, voici maintenant l’occasion d’évoquer le cas de la truite fario. Cette espèce est considérée comme un poisson sténotherme d’eau froide ; sténotherme désignant les organismes animaux ou végétaux ne supportant pas de fortes variations de température.

 

les truites aiment l'eau froideLa gamme de températures préférentielles (preferundum thermique) de la truite se situe entre 4 et 19°C.

Dans nos cours d’eau, nos lacs et sous nos latitudes, les dangers pour ce poisson sont principalement liés à une élévation des températures en période estivales.

En effet au-delà de 19°C la truite ne s’alimente plus, elle est en état de stress physiologique.

A partir de 25°C, le seuil létal est atteint.

Ce seuil peut même être inférieur si la qualité de l’eau est altérée.

 

Au-delà de la réponse individuelle d’une truite soumise à une élévation instantanée de température, il est important aussi de considérer la réponse globale d’une population de truite fario lors d’un ou plusieurs étés consécutifs.

Cette réponse conditionne souvent les densités de truites présentent dans nos cours d’eau.

 

En effet lors d’un été, les eaux peuvent dépasser plusieurs fois 19°C pendant des périodes plus ou moins longues. De même lors d’un cours épisode caniculaire, la température de l’eau peut avoisiner les 25°C en certains endroits. Ces épisodes critiques n’entraînent pas nécessairement la mort des poissons mais ils ont des conséquences physiologiques plus ou moins importantes.

Il est donc important d’étudier finement l’évolution des températures à des pas de temps réguliers sur de longues périodes afin de bien considérer

  • non seulement les températures maximales,
  • mais aussi leur durée d’imposition,
  • ainsi que l’influence d’expositions cumulées.

Pour cela des sondes thermiques sont placées dans les cours d’eau.

Concernant la truite, il existe une valeur thermique de référence mise en avant par la communauté scientifique : la moyenne des températures moyennes journalières sur les 30 jours consécutifs les plus chauds (Tmoy30j cons). Cette valeur permet de bien estimer l’intensité d’un été.

Cela parait un peu barbare et indigeste, mais cette valeur est facile à déterminer (après pose de sondes). On isole d’abord les 30 jours les plus chauds de l’été. Pour chacune de ces journées, on calcule la température moyenne journalière. Enfin on fait la moyenne de ces 30 valeurs de températures moyennes journalières.

 

Sur cette base, la limite des 17,5-18°C est un seuil essentiel dans la réponse d’une population de truites fario. En effet, au delà du seuil de 17°C de Tmoy30j cons, pour toute élévation de 0,5°C on peut globalement diviser par 2 ou 3 le nombre de truites présentes dans un cours d’eau.

En ces temps de réchauffement climatique, cela ne présage rien de bon pour les populations de truite fario de certains cours d’eau français.

 

En effet, suivant les études d’Elliot, auteur anglo saxon ayant beaucoup travaillé sur le métabolisme des truites en relation avec les facteurs externes dont la thermie, il apparait que les truitelles de l’année ont une forte sensibilité aux températures dès lors que la Tmoy30cons dépasse le seuil de 17 à 18°C.

A partir de ce seuil, le rendement énergétique est défavorable et l’énergie apportée par la nourriture est plus faible que celle utilisée pour la capture des proies.

Ce phénomène induit un amaigrissement des juvéniles donc des mortalités progressives et continues sans que personnes ne puissent le constater. Ce phénomène induit aussi des dévalaisons vers des milieux encore moins favorables (plus chaud).

Comme quoi une bonne reproduction peut être annihilée par un été très chaud.

 

Fort heureusement, les poissons plus âgés (1 et 2 ans) sont plus robustes et moins sensibles aux élévations de la température.

De même il existe des contrastes de température au sein d’un cours d’eau et les salmonidés sont particulièrement adaptés pour rechercher des refuges thermiques dans les affluents, les annexes fluviales où les afférences phréatiques plus fraîches. Faut-il encore qu’il n’y ait pas trop d’obstacles (barrage, seuil) pour gêner leur libre circulation.

 

 



 Rem


 

 

 

 

 

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