La température est un élément prépondérant dans la répartition des poissons le long de nos cours d'eau. Chaque espèce piscicole et chaque stade de développement (oeufs, larves, juvéniles, adultes) possède un optimum thermique propre.

Tout récemment mon collègue de travail m'a fait suivre une publication forte intéressante sur les gammes de températures préférentielles d'une vingtaine d'espèces de poissons des rivières et plaines de l'ouest européen :

Synthèse des tolérances thermiques des principales espèces de poissons des rivières et fleuve de plaine de l'ouest européen. L Tissot, Y Souchon 2010.

A la lecture de ce texte fourni et bien documenté, on découvre à travers les expérimentations d'un chercheur bien connu dans le monde de l'ichtyologie (Monsieur Elliot), les réactions physiologique du poisson à la hausse et à la baisse des températures.

Dans la gamme des températures optimales, le poisson se nourrit et ne présente aucun signe de comportement anormal, il n'est pas en état de stress. Mais lorsque les températures augmentent ou baissent fortement, le poisson présente un ensemble de réactions physiologiques encore appelé stress thermique. Ces réactions ont été décrites par Moniseur Elliot lors d'expérimentations en laboratoire (1981).

Selon ses travaux, le stress thermique induit trois phases successives de réactions.

  • La première phase est définie par une réticence à s'alimenter, de brusques séquences d'activité pendant lesquelles le poisson se heurte à la paroi de l'aquarium, des instants de perte de l'équilibre, une défécation et de rapide mouvement respiratoire. A la lecture de ces observations, on comprend complètement le terme de "stress".

Pour faire un parallèle et citer un exemple, le preferundum thermique de la truite fario s'étend de 4°C à 19°C. Au delà la truite, ne s'alimente plus, elle est en état de stress physiologique. Tant que la température n'atteint pas 24-25°C, sa vie n'est pas en danger. Par contre pêcher la truite en été dans un petit ruisseau ayant tendance à chauffer est certainement le meilleur moyen de faire une bredouille.

  • La seconde phase est plus critique puisque le poisson devient immobile avec de brusques mais faibles mouvement de nage, il flotte la plupart du temps sur le côté ou sur le dos, il peut changer rapidement de couleur et augmente la fréquence de ses mouvements de ventilations.
  • La dernière phase se caractérise par des mouvements restreints uniquement visible au niveau de l'opercule, des nageoires pectorales et des yeux, jusqu'à la mort du poisson. Cette phase est définitive. En admettant qu'on replace le poisson dans une eau plus fraiche et oxygénée, les séquelles physiologiques sont tels que le poisson ne récupère pas et meurt.

Pour les pêcheurs, ces observations peuvent être intéressantes.

En effet certaines conditions thermiques ne permettront pas la prise des certaines espèces piscicoles en raison du phénomène de stress thermique. De même il est parfois difficile de maintenir "des vifs" en vie tout simplement parce que l'eau du bac est trop chaude. A cela il faut rajouter le taux d'oxygène de l'eau. Ce dernier est étroitement lié à la température de l'eau. Plus cette dernière est importante, plus le taux d'oxygène diminue. On comprend alors aisément pourquoi nos vifs sont "moribonds" certains jours.

Dans un article futur je reviendrai sur les préférences thermiques des espèces les plus connues.

 



 Rem


 

 

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