Ce weekend c'est une pierre deux coups ! On a prévu avec des amis de se rendre à la manif du collectif SOS Doubs-Dessoubre qui à pour but de dénoncer la dégradation continuelle de la qualité des cours d'eau de Franche-Comté. On en profite pour rester sur place et pêcher une rivière du coin le lendemain.

 

Quoi de plus normal que de se rendre à cette manifestation étant donné qu'on passe pas mal de temps sur les berges des cours d'eau du massif jurassien !

 

Des conférences sont données le matin sur des thématiques variées. La manif quant à elle est prévue l'après-midi. On décide de décoller pas trop tard.

Certain d'entre nous auront du mal à se réveiller, alors que ce n'est pas souvent comme ça lorsqu'il s'agit d'aller à la pêcheContent. On arrive sur place un peu avant 11h00 et l'on pourra donc assisté aux deux dernières conférences de prévues.

Ça cause transfert de « polluants » et c'est plutôt attristant comme vous l'imaginez. Grossièrement, alors que dans le temps les pluies « nettoyaient » les cours d'eau avec le fameux coup d'eau, aujourd'hui c'est tout l'inverse qui se produit. Les pluies engendrent le transfert des nutriments en excès, des phytosanitaires et autres produits chimiques utilisés pour le traitement du bois par exemple. Le contexte karstique du massif (c'est un peu comme du gruyère) ne fait qu'accentuer le phénomène étant donné que l'eau ruisselle très rapidement jusqu'aux cours d'eau.

 

 

 

Une des solutions proposée par les spécialistes pour minimiser l'eutrophisation, est de retrouver des concentrations en azote et en phosphore plus faible que ce qui est constaté aujourd'hui.

Pour cela pas de mystère, il est important d'avoir une agriculture qui utilise, donc qui restitue, moins d'azote et de phosphore. Chaque citoyen peut aussi mettre la main à la patte en utilisant des produits d'entretien moins riche en phosphate (lessives, détergents...), en consommant des aliments produits selon des méthodes « respectueuses de l'environnement » et en pratiquant le « zéro phyto » au sein du jardin.

Quelques agriculteurs présents contestent parfois les chiffres et les données. Quoi de plus normal ? Une chose est sûr, toute l'assemblé est d'accord pour dire que la situation actuelle n'est plus soutenable et qu'il faut agir vite  s'il on veut espérer retrouver des cours d'eau en « bonne santé ».

Ca fait quand même un peu écho avec les manifs des 3 années précédentes.

La deuxième intervention à laquelle nous assistons est donnée par la CPEPESC. Il s'agissait pour eux d'exposer au public les différentes actions que la « commission des eaux » mène afin de lutter contre la dégradation de la qualité de l'eau. Station d'épuration avec de mauvais rendements, décharges sauvages dans les dolines (les trous du gruyère qui se trouve en surface), traitement du bois à proximité des rivières... J'en passe. Allez faire un petit tours sur leur site, les images parlent d'elles même.

Un des panneaux choc

Finalement, pas de grandes nouveautés par rapport a ce que l'on imaginait, par contre ces confs' nous permettent de mieux comprendre le phénomène.

On retrouve des potes et on en profite pour manger ensemble. A notre grande surprise, pas de stand avec les sandwich du terroir au Comté Bio et à la Morteau « en extensif » mais bel et bien des sandwich « classique » au cochon premier prix. Dommage. Même les bières sont servies dans des gobelets à usage unique. Beaucoup de plastique donc !

 

Les Spéléos

 

Vers 14h00, départ pour la manifestation.

On se retrouve au milieu du cortège où des banderoles aux slogans chocs prennent place.

La tête du cortège est menée avec des brouettes remplies de filamenteuses et de poissons en cours de décomposition.

Un détail nous surprend. Certaines des banderoles sont montées avec des tasseaux en bois jaune. Le jaune est un marqueur utilisé pour repérer le bois traité. Du bois traité il en faut pour tout un tas de choses (construction notamment) mais pas nécessairement pour des banderoles. Dommage encore une fois. C'est vraiment con car c'était l'occasion de montrer qu'il est possible de consommer autrement. Bref.

Le cortège a fait un tour dans le centre de Saint Hippolyte avant d'arrivé sur le point de rassemblement où était prévu les discours de l'après midi. Des associations, des élus locaux et d'autres de plus grande envergure ont pris la parole à tour de rôle afin de donner leurs points de vue et leurs propositions pour éventuellement inverser la tendance.

Je ne les ai pas tous écouté. De ceux que j'ai écouté, certains discours avait pour moi du sens d'autres beaucoup moins. Des vidéos sont disponibles sur la page facebook du collectif. On finira la journée à siroter des bières en terrasse et, forcément au bout d'un certain temps, a raconter des conneries.

 

Les banderoles aves les piquets jaunes

 

 

Goumois est à 30 km. On y arrive peu après la nuit.

Après avoir choper les cartes de pêche au resto le Savagnin, on se dirige au bord de l'eau. On plante la tente juste à coté de la rivière qui va nous bercer. On se réveille tranquillement et filons au Moulin du Plain pour boire un café. On se décide à pêcher dans le coin. Nous passons côté suisse.

Alors que les moucheurs (Bertrand et moi même) attaquent un lisse, le mec aux leurres (Antoine) descend pour pêcher en aval du parcours mouche.

Le niveau n'est pas des plus bas, mais l'eau n'est pas trop piquée. La première truite aperçue en bordure se fera la malle avant même que la soie se pose à la surface ! « Pas simple que ça va être » qu'on se dit. Mais on ne désespère pas. Je toucherais une petite truite sur un gobage.

Petite Truite du parcours du Moulin du Plain

 

Le collègue quant à lui cassera au ferrage sur un poisson plus joli. Je lui avais bien dit de mettre plus gros que du 10 centième pourtant ! On a aperçu deux trois poissons avec un peu de mousse. Fait chier.

Le temps est venu de casser la croûte. On décide de manger sur le parcours de l'après midi.

Le Refrain se trouve à 30 bornes en amont de Goumois. C'est un hot spot de grimpe. Il y a du monde. Mais tout le monde est en baudrier, ouf ! On descend un bout en dessous de la turbine pour découvrir un parcours très joli.

Puisqu'il y a point de gobages je commence à pêcher l'eau. Un poisson monte sur un gros « sèdge » en chevreuil. Un bel ombre bien en forme. Un peu plus tard, des poissons vont se mettre à gober sur les quelques insectes qui dérivent. Ils sont en plein milieu du cours d'eau et il est toujours interdit de marcher dans l'eau (jusque début juin). La tache n'est pas simple. Mais l'exercice me plait... vers 19h00 on se décide à rentrer. On aura la chance de voir une truite taper dans un gros banc de vairons à plusieurs reprises.

Ombre du Doubs

Finalement, Antoine fera une truite au leurre alors que Bertrand fera un ombre en pêchant au fil. Le cadre est vraiment joli.

Cependant, le colmatage algale et la forte odeur de marée nous fait prendre conscience de la gravité de la situation. Ce cours d'eau devait être un paradis de pêcheur de truite avant que nous trouvions le moyen de tous flinguer. On espère quand même que les choses puissent s'améliorer bien que de nombreux doutes subsistent.

Le parcours en aval de la centrale du Refrain

 

Pour conclure, je crois qu'il est vraiment important que chacun d'entre nous, pêcheur ou non, utilisateur des cours d'eau ou simple terrien, prenne se sujet au sérieux. La flotte qui coule à notre robinet n'est autre que celle qui coule dans nos rivières. Si les poissons et autres organismes ne sont plus capables d'y vivre, on à du souci à se faire.

Il devrait y avoir 50 fois plus de monde à ce genre d'événement. Peut-être faudrait-il l’organiser dans des bassins urbains plus conséquents ? Besançon ?

Cette année c'est le Dessoubre qui est sous les projecteurs. Mais il semblerait que, ni la Loue, ni le Doubs, ni les autres affluents et sous affluents soit en meilleur état ! J'espère que NOUS seront capable de prendre la mesure du message de dame nature et que nos comportements futurs permettront à nouveau aux cours d'eau franc-comtois de souffler un peu.

Il faut tout de même saluer le travail effectué par les bénévoles du collectif et des autres associations impliquées.

 

Un peu triste mais pas résigné,

Pour les Sioux et à pieds cette fois-ci,

René


 

 

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