Les salmonidae forment une famille de poissons assez connus et appréciés des pêcheurs aux lignes. Pour beaucoup, ils évoquent la pêche à la mouche. La biologie et l'écologie de ces espèces est particulièrement intéressante. Mais connaissez vous les salmonidae présents dans nos rivières et lacs de France?

 

Cette famille regroupe 68 espèces se différenciant dans 3 sous familles distinctes :

  • Les Corégonidae (Corégone),
  • Les Thymallinae (Ombre),
  • Les Salmoninae (Truite, saumon...).

 

 

les truites en franceSur le territoire Français

En France, on dénombre actuellement 8 espèces de salmonidae dont 5 sont endémiques (originaire de nos eaux) et 3 sont exotiques (espèces importées).

Cette liste comprend les espèces suivantes : le saumon atlantique, la truite commune, la truite arc en ciel, l’omble chevalier, l’omble de fontaine, le cristivomer, l’ombre commun et le corégone.

Les principales caractéristiques biologiques et écologiques de ces espèces sont décrites dans la suite de cet article.

 


 

le saumon atlantiqueLe Saumon atlantique (Salmo salar, Linnaeus, 1758)

Crédits photo : United States Fish & Wildlife Service

Jeune saumon (Tacon) : Crédit photo Fédération de Saône-et-Loire pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique

Distribution : Indigène du bassin de l'Atlantique nord : du Portugal au nord de la péninsule scandinave et à l'Islande du côté est, et de la rivière Connecticut (Etats-Unis) jusqu'au sud du Groenland et à la région de l'Ungava (Nouveau Quebec) à l'ouest.

Présence en France sur le bassin de la Loire, de la Garonne, du Rhin, de la Seine et des fleuves côtier du sud ouest, de la Bretagne, de la Normandie et du Nord.

Taille poids sujet : 45 cm à plus de 1 mètre pour des poids de 2 à plus de 10 kg.

Milieu : espèce migratrice se reproduisant en eau douce et se développant en mer. En eau douce, les saumons viennent se reproduire sur l'amont des bassins sur des rivières de type 1er catégorie (eau courante, fraiche et peu profonde avec des substrats grossiers de type gravier galet). Les juvéniles se développent pendant 1 à 2 ans dans ces milieux (sur le territoire Français) avant de dévaler vers l'océan.

Régime alimentaire : invertébrés pendant le stade juvénile puis crustacés et poissons lors de son séjour en mer.

Période de reproduction : novembre à janvier.

Menaces : espèce menacée par l'altération de la qualité des eaux, la destruction de ses habitats, les obstacles à sa libre circulation (migration de reproduction) mais aussi par le réchauffement climatique qui modifie les conditions de la vie marine (augmentation de la température, baisse des ressources alimentaires) et de la vie en milieu d'eau douce continentale (stade juvénile).

 


 

la truite commune La truite commune (Salmo trutta, Linnaeus, 1758)

La truite commune est une espèce remarquable qui possède une grande capacité d'adaptation à différents milieux (rivière, lac, mer), et qui de ce fait, présente un fort degré de polymorphisme quant à sa coloration et aux dimensions atteintes à l'âge adulte. Si par le passé, il était couramment admis la description d'une cinquantaine d'espèces européennes. Aujourd'hui l'idée de l'existence d'une seule espèce est retenue. Ainsi truite de mer, truite de rivière et truite de lac ne forment qu'une seule espèce dont les exigences migratoires diffèrent. Si leurs milieux de grossissement peuvent varier (rivière, lac, mer), la reproduction a toujours lieu en rivière.

De même, les formes atlantique, méditerranéenne ou Corse sont autant de lignées génétiques de la même espèce (Salmo trutta).

Distribution : La répartition originelle de la truite commune correspond aux continents eurasiatique et africain jusqu'au Moyen-Atlas. En raison de son attrait pour la pêche sportive, la truite a fait l'objet de multiples introductions sur tous les continents. Ces dernières ont été couronnées de succès quand les conditions thermiques étaient favorables.

Taille poids : dans les ruisseaux et petites rivières (granitique) jusqu'à 25 à 35 cm. Dans les fleuves et grands lacs jusqu'à 80 cm pour 7.5 kg pour la forme rivière, plus de 1 mètre pour 10 kg pour la forme marine et plus de 1.10 mètre pour plus de 15 kg pour la forme lacustre.

Milieu : rivière, lac et mer sous réserve de conditions thermiques favorables.

Régime alimentaire : invertébrés, poissons, crustacés suivant les milieux.

Période de reproduction : novembre à fin février.

Menaces : espèce menacée par l'altération de la qualité des habitats et de l'eau ainsi que par la fragmentation des habitats de reproductions et de grossissements (barrages empêchant la libre circulation lors des migrations de reproduction) . L'augmentation de la température des eaux est aussi un paramètre d'importance dans la réduction des abondances de truite commune.

 


 

la truite arc en ciel La truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss, Richardson, 1836)

Crédit photo : EPTB Saône-et-Doubs

La truite arc-en-ciel est une espèce introduite sur notre territoire. Son écologie est peu connue et peu détaillée car l'espèce s'est peu implantée en milieu naturel (reproduction très rare dans les rivières de notre pays).

Distribution : Originaire de la côte ouest des Etats-Unis (montagnes rocheuses), l'espèce a été très largement introduite dans nos rivière depuis 1881. Sa présence est étroitement liée aux déversements par les structures associatives de la pêche. En effet sa reproduction n'est quasiment jamais observée en France.

Taille poids : 20 à 50 cm chez les individus de rivière jusqu'à 122 cm pour 19 kg chez les individus de mer.

Milieu : rivière, lac et mer.

Régime alimentaire : invertébrés, poissons.

Période de reproduction : printemps

Menaces : Non implantée en France, on peut difficilement évoquer les menaces qui pèsent sur ses populations. A ce jour la truite-arc-en-ciel n'est pas considérée comme une espèce menaçant la truite fario dans la mesure ou elle est généralement stérile, moins agressive et plus sensible à la pression de pêche.


 

l'omble chevalier L'omble chevalier (Salvelinus umbla, Linnaeus, 1758)


Crédit photo : EPTB Saône-et-Doubs

Distribution : Autochtone en France dans le Lac Leman et le Lac du Bourget. Comme des nombreux salmonidae, il a fait l'objet de nombreuses introductions. A la fin du XIXe siècle, il a ainsi été introduit dans des lacs de régions montagneuses: Lacs d'Annecy et Aiguebelette en Savoie, Lac Pavin dans le Massif central, lacs d'Artouste, de Gaube...

Taille poids : 90 cm pour 8 kg au maximum.

Milieu : lac froid et profond. Il occupe des couches d'eau profonde entre 30 et 70 mètres.

Régime alimentaire : organismes benthiques (larves ou nymphes de chironomes, gammares) ou planctoniques (cladocères et copépodes). Les plus gros sujets deviennent ichtyophages (consommateur de poissons), avec parfois du cannibalisme dans les lacs de montagne.

Période de reproduction : novembre à janvier

Menaces : Espèce qui résiste très mal à l'eutrophisation des plans d'eau.


 

omble de fontaine ou saumon de fontaineL'omble de fontaine (Salvelinus fontinalis, Mitchill, 1815)

 


Crédit photo : EPTB Saône-et-Doubs

Distribution : Originaire du nord est des Etats-Unis. L'omble de fontaine n'est pas autochtone des rivières et lacs du territoire Français, puisqu'il a été introduit en France pour la première fois au XIXè siècle. Sa présence varie au gré des alevinages. L'omble de fontaine forme actuellement quelques populations acclimatées dans les régions montagneuses des Alpes, du Massif Central, du Jura, des Vosges, des Ardennes et des Pyrénées.

Taille poids : 30 à 40 cm.

Milieu : eaux froides des parties les plus amont des cours d'eau et les lacs oligotrophes.

Régime alimentaire : macro invertébrés benthiques et insectes terrestres tombés à l'eau.

Période de reproduction : automne.

Menaces : Espèce qui résiste très mal au réchauffement des eaux. En France, on la considère plus comme une menace à la biodiversité (batraciens, insectes) de certains écosystèmes des têtes de bassin dans lesquels, elle a été introduite.

 


 

cristivomerLe cristivomer (Salvelinus namaycush, Walbaum, 1792)

Crédit photo : EPTB Saône-et-Doubs

 

Distribution : Originaire d'Amérique du Nord, il occupe tout le bouclier Canadien, depuis les grands lacs jusqu'en Alaska. Les premières tentatives d'introduction en France date de 1881 (oeufs). En France son acclimatation a été lancée vers 1955 dans de nombreux lacs des Hautes-Pyrénées avec des réussites observées dès 1970. Depuis cette espèce a été introduite dans de nombreux plans d'eau de régions montagneuses. Il est par exemple acclimaté dans le lac de Tignes (2100 mètres d'altitude).

Taille poids : 120 cm pour 40 kg à plus de 20 ans.

Milieu : lac froid et profond.

Régime alimentaire : crustacés, insectes et poissons.

Période de reproduction : variable mais la température doit descendre sous les 10°C. Maturité sexuelle assez tardive atteinte à l'âge de 6 à 7 ans.

Menaces : S'agissant d'une espèce introduite et acclimatée, on ne peut pas réellement parler de menaces. A contrario, cette espèce peut constituer une menace pour la biodiversité des lacs de haute montagne dans lesquels, elle est introduite et soutenue régulièrement par déversements.



ombre communL'ombre commun (Thymallus thymallus, Linnaeus, 1758)

 

Crédit photo : EPTB Saône-et-Doubs

Crédit photo : EPTB Saône-et-Doubs

 

Distribution : Autochtone dans les Ardennes, les Vosges, l'Alsace, la Franche Comté, la Savoie, le Dauphiné, l'Auvergne et la Haute Vienne. L'ombre a été introduit avec succès en Dordogne, Béarn, Basse-Normandie, Côte d'Or, Haute-Marne...

Milieu : grande à moyenne rivière, légèrement en aval de la zone à truite.

Régime alimentaire : insectes, crustacés.

Période de reproduction : mars à début mai quand la température atteint 9°C.

Menaces : destruction des habitats des cours d'eau (dragage, endiguements, curage, recalibrage, barrages...), altération de la qualité des eaux, réchauffement climatique et hausse des régimes thermiques des cours d'eau.



corégonesLes corégones (Coregonus lavaretus, Linnaeus, 1758)

 

Crédit photo : EPTB Saône-et-Doubs

Le genre Corégonus a fait l'objet de nombreuses controverses quant à sa définition. Différentes conceptions se sont longtemps opposées: certains considérant la présence d'une seule espèce très polymorphe quand d'autres évoquaient plusieurs espèces.

Les corégones sont aussi appelés Féra, lavaret, palée suivant leur milieu de vie.

A priori, on peut considérer la présence d'une seule espèce et admettre que toutes les formes de corégones alpins sont des variétés locales.

Distribution : Avant toute intervention humaine, le corégone n'était présent en France que dans le lac Léman et le lac du Bourget. Par la suite, à la fin du XIXè siècle, il a été introduit dans les lac d'Annecy et Aiguebellete en Savoie, dans le lac d'Issarlès et le lac Chauvet dans le massif central. Plus récemment, il a été introduit dans les lac du Jura puis des Vosges...

Milieu : typiquement lacustre mais on la retrouve parfois en rivière en aval des Lacs où ils se développent (Rhin, Rhône, Durance).

Régime alimentaire : planctons (cladocères lacustre) et organismes benthiques (larves et nymphes de chironomes).

Période de reproduction : Décembre, début janvier

Menaces : espèce ayant été grandement manipulée par l'homme (élevage, hybridation entre variétés, forme initiale du lac Léman disparue). Mais le corégone résiste mieux à l'eutrophisation que l'omble chevalier. Les densités de corégones sont souvent abondantes. Les corégones ne sont pas menacés.


 

Avant de terminer ce petit tour d'horizon, il convient de mentionné que le Huchon (Hucho hucho – Linnaeus, 1758), aurait pu être rajouté à cette liste.

Mais cette espèce n'est actuellement plus représentée en France. Endémique du bassin du Danube, le Huchon a été introduit dans les Usses, affluent du Rhône en Haute Savoie, entre les années 1950 et 1967. Après plusieurs générations, la trace de cette espèce s’est perdue vers 1985 suite à une succession de dégradation du milieu (extraction de granulats et rejets).

 

 

Une partie des informations présentées ci dessus ont été extraites et résumées depuis les ouvrages :

- Les Poissons d'Eau douce de France - Philippe Keith, Henri Persat, Eric Feunteun et Jean Allardi - Biotope Editions - 2011.

- La Truite biologie et écologie - J.L. Balignière, G. Maisse - INRA, Paris, 1991.

 

 



 Rem


 

 

 

 

Commentaires  
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Merci David. Effectivement, je n'ai pas renseigné le bon nom latin pour je ne sais quelles raisons, j'ai mis le nom du cristivomer. Merci pour ton attention et merci de suivre le blog
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Très bon site bien documenté. Une erreur cependant, sans doute une distraction de votre part : le nom scientifique de l'Ombre commun n'est pas Salvelinus namaycush mais bien Thymallus thymallus
(Linnaeus, 1758). Ce nom vient du mot latin qui désigne le thym, à cause de l'odeur semblable à celle de cette plante que ce poisson dégage à l'air libre. Vous pouvez me croire, je suis biologiste spécialisé en écologie des eaux douces et pêcheur de Salmonidae de surcroit. ;-)

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